Publié le

Les fêtes de Noël selon l’Histoire Européenne

decoration_du_sapin_de_noel

Noël, fête connue entre toutes. Suivie et pratiquée de par le monde par des milliers de personnes avec, il faut le dire, plus ou moins de fidélité par rapport aux origines anciennes de cet événement.

Pour beaucoup, les fêtes de Noël ; car il y en avait plusieurs en même temps ; sont synonymes de joie, de gaieté, de partage, de renouveau, de festins, de retrouvailles, de souvenirs mais aussi de projets, de rêves, d’objectifs à atteindre.

Et au risque de mécontenter certains de ses détracteurs, il en a toujours été ainsi. Car d’aussi loin que remontent nos sources, nos projections logiques et historiques, mais aussi nos souvenirs propres et nos divers héritages, les fêtes de Noël ont toujours marqué un seuil, une étape dans les vies de toutes les communautés Européennes.

La place de la fête dans la marche de l’année

Ce caractère unique et unitaire tient d’abord et avant tout à la date de l’événement. Avant de survenir le quatrième dimanche du mois ; chiffre symbolique qui rappelle l’achèvement d’un cycle et le début d’un autre ; dimension sur laquelle nous reviendrons ; Noël prend place au moment du solstice d’hiver, nuit la plus longue et à partir de laquelle les jours recommenceront à croître.

 

christmas
Provenance : christmasgator.com

 

C’est à ce moment que le retour de la Vie est le plus visible, à commencer par sa représentation la plus essentielle et primordiale : la lumière.
Rappelons que l’Homme est un animal diurne et que ce « retour aux sources » marque la fin des craintes et incertitudes liées aux premières confrontations avec l’Ombre, les ténèbres et la nuit.

Puis avec le retour de la lumière viennent les couleurs. Teintes vives et chaudes qui tranchent par leur éclat et leur profondeur avec le blanc, le gris et le noir de l’Hiver. Et parmi toutes les longueurs du spectre visible, il en est deux qui depuis des éons jusqu’à nos jours, ont toujours conservé une place de choix dans nos célébrations.

 

christmas-eve-desktop
Noël et ses couleurs. Provenance : christmasgator.com

 

Le vert tout d’abord. Couleur de la végétation, du vivant et de la vigueur terrestre, a toujours été considérée en Europe comme la teinte de l’espérance, de la sérénité et de la puissance accordée au monde végétal.
Le rouge ensuite. Ambivalent d’une certaine manière car étant rattaché au sang, au combat et à la violence, c’est aussi la marque de la chaleur, du feu, de la jeunesse et de la santé. C’est la couleur du mouvement, de l’action et de la volonté propre.

Ces deux couleurs symbolisent donc la force de vie, la puissance de volonté première, celle qui permet de lutter et au final, de triompher face à l’immobilisme du froid et aux rigueurs de l’hiver. C’est donc d’une certaine manière le signe du retour à la vie, de la reprise du cycle éternel.

C’est d’ailleurs cette idée de cycle que représente la couronne de l’Avent.

Les éléments matériels de la fête

La couronne

 

couronne_de_lavent_nov_2014
Couronne de l’avent.
Provenance: wikimedia.org

 

De forme toujours circulaire, elle nous rappelle la marche du temps, les quatre saisons s’enchaînant et bien entendu en ces temps de frimas, le retour à la vie. Quatre saisons, quatre bougies. Là encore la symbolique du feu comme repère n’est pas loin.

On dénombre d’ailleurs trois essences majeurs pour la confection des couronnes, marque de la toute puissance de la Nature : l’if, le sapin et le houx.
Nous aurions beaucoup à dire de ces trois là. Retenez seulement qu’ils rappellent par leurs feuillages persistants la permanence de la vie et la défiance face à l’Hiver, l’Ombre et la Mort.

Ainsi, accrochée à la porte des maisons ou placée sur la table commune, la couronne de l’Avent attirait les faveurs des forces vives de la Nature ; et ce pour toute la maisonnée ; tout en repoussant à l’extérieur le malheur et le souffle stérile des vents du Septentrion.

Le sapin

 

decoration_du_sapin_de_noel
Peinture par Marcel Rieder (1862-1942)datant de 1898 photographie par P.F. Rieder

 

Un autre élément végétal occupe une place de choix durant la période hivernale précédant Noël : le sapin; celui-là même que nous décorons tous. Arbre de vie révéré en Europe comme le Seigneur des Bois, il était encore d’usage chez nos Anciens d’orner l’intérieur des maisons avec ses rameaux mêlés à ceux du houx pour fêter le solstice. Illuminer ces branchages à l’aide de bougies, de chandelles ou même de torches devait rappeler le Soleil afin que celui-ci darde à nouveau ses rayons sur la terre gelée et fasse ressurgir la vie à travers la neige et le givre.

Le solstice venu, il était alors d’usage de sortir en forêt et de frapper le tronc des sapins avec des bâtons pour en faire jaillir la lumière de vie qui s’était réfugié à l’intérieur. En effet, comment rester vert et fort sous un blanc manteau si le Soleil lui-même ne vous prête pas sa force ?

 

La bûche et Cailleach, « la vieille femme de Yule »

L’élément du bois est encore présent avec la fameuse bûche de Noël. Autrefois ramenée de la forêt, elle était sacrée, fleurie, aspergée de sel, de vin et d’eau bénite.

Toujours prélevée dans un feuillu, le plus souvent du chêne, de l’orme, du hêtre ou du charme, ses flammes saluaient le retour du Soleil. Dans les contrées Celtiques elle était appelée la Cailleach Nollaigh, la « vieille épouse de Noël » ; ou encore Yeelcarline, la « vielle femme de Yule ». Issue d’antiques légendes Européennes, la vieille ogresse de l’hiver avait avalé le Soleil durant son règne hivernal. Brûler la bûche qui la symbolisait revenait alors à libérer l’astre de feu.

Aujourd’hui dessert de fête, l’idée reste la même : ingérer, absorber le réceptacle pour libérer la chaleur et acquérir la force de la lumière.
Notons qu’il était aussi d’usage que la bûche soit mise au brasier simultanément par le membre le plus jeune et le plus âgée de la maisonnée. Et à nouveau nous retrouvons l’idée de cycle …

 

Le sanglier

Mais que serait Noël sans son repas ? Son foie gras, ses huîtres, son vin, son pâté, son rôti, ses terrines ? Chaque région et petit pays possède ses spécialités que nous connaissons bien. Mais il en est une qui surpassait toutes les autres. Encore jusqu’à récemment, on avait coutume de servir au banquet de Noël un sanglier rôti. Sacrifié et mangé au solstice, présenté sur table entier, pomme en gueule, orné de houx vert et de ruban rouge vif, la « Bête Noire », le « Chien du Diable », effrayant et sanguinaire de son vivant, une fois partagé entre les convives, ramenait les jours longs et lumineux de la nouvelle année.

Animal ambivalent, appartenant à l’Ombre et aux ténèbres, déchirant l’obscurité de l’éclat sinistre de ses défenses, il est aussi à la fois animal solaire et porteur du renouveau. Dans la mythologie Nordique, le dieu Freyr avait pour compagnon Gullinbursti, sanglier aux soies et à la crinière d’or qui, une fois sorti des forges de deux nains orfèvres, pouvait courir par delà les terres et les mers grâce au métal étincelant de sa crinière.

freyr_by_johannes_gehrts
Freyr (1901) par Johannes Gehrts

L’idée de cycle ou l’éternel recommencement

La période de Noël est aussi la période de l’Avent, et non de « l’Avant ». C’est une attente certes, mais une attente d’un événement, d’un avènement. Une étape marquante, décisive, entre un avant et un après. C’est l’annonce et la préparation d’un passage. Du solstice, mais aussi d’une nouvelle naissance. La naissance d’une nouvelle ère, le retour de la vie, de la force primordiale sous sa forme la plus pure : l’aube d’une année, l’aube d’une vie. Celle d’un enfant, futur guide et auréolé de lumière.

Un personnage solaire, divin qui, jaillit de la nuit, guide les hommes jusqu’à son zénith et les accompagne jusqu’à son crépuscule … dans l’attente d’un nouveau cycle.
Ainsi la période de Noël n’est pas détaché de toute symbolique, ni même de toute histoire. Et il ne serait pas trop présomptueux d’affirmer qu’elle n’a guère changé depuis l’aube des temps. Aussi regarderez-vous peut-être cette préparation des fêtes avec un œil nouveau, neuf, et pourtant tellement ancien …

Joyeuses fêtes de Noël !

Simond

Laisser un commentaire